L’arbre hérétique de Macron

… l’« arbre hérétique » de Caggiano, rencontrant et impliquant la créativité de l’artiste français Jean-Pierre Duriez, relance vers la France le potentiel créatif de cette union entre urbanisme et écologie durable…
Qu’est-ce qu’un « arbre hérétique » ? Et pourquoi sa création peut-elle déconstruire nombre de nos stéréotypes – ceux sur le béton par exemple –, en montrant que la créativité peut ouvrir de nouvelles voies, de nouvelles visions, de nouvelles possibilités, en suscitant un dialogue fructueux entre l’art, la nature, la technologie et la politique dans le meilleur sens du terme, comme un engagement concret et intelligent pour améliorer le monde ?
Réalisé en béton très blanc et en dioxyde de titane, cet « arbre » est un artefact de forme heptagonale doté de qualités très intéressantes en termes d’urbanisme et d’éco-durabilité. Sa matière, soumise à l’action du soleil et du vent, est capable « d’attirer » le dioxyde de carbone et d’autres polluants, les transformant en nitrates, carbonates, sulfates et autres minéraux inertes.

Réalisés par le laboratoire de design artisanal Prefabios de Caggiano (Sa), les premiers « arbres hérétiques » ont été installés à Salerne en novembre 2024, dans le cadre d’un projet pour une « Nouvelle idée de la ville ». Combinant une idée de beauté avec la technologie, ces arbres s’intègrent facilement même dans les petits espaces entre les bâtiments, valorisant le potentiel révolutionnaire du principe photocatalytique appelé TX Active , apprécié par les architectes du monde entier, qui contribue à améliorer la qualité de l’air tout en offrant un résultat esthétique lumineux et efficace.
Comme l’explique l’économiste Pasquale Persico, « cette technologie innovante ne remplace pas le rôle des arbres, mais offre un soutien concret à la réduction du smog, s’alignant sur les objectifs de transition écologique et démontrant que le béton peut aussi faire partie de la solution. L’idée d’un « béton autonettoyant » nous invite à repenser nos villes, en intégrant des innovations de conception qui convergent vers une troisième écologie, une vision qui non seulement protège l’environnement, mais promeut une nouvelle géographie urbaine durable, dans laquelle le béton et la nature peuvent coexister au profit de la communauté et de l’environnement». Il s’agit, affirme Pasquale Persico, « d’une révision radicale, utopique, scientifique et hérétique » des modèles possibles de foresterie urbaine.
L’« arbre hérétique » de Caggiano, rencontrant et impliquant la créativité de l’artiste français Jean-Pierre Duriez, relance vers la France le potentiel créatif de cette union entre urbanisme et écologie durable, en ajoutant des espaces vides à l’arbre qui permettent l’implantation et le développement spontané de « plantes pionnières », comme celles déjà valorisées par Pasquale Persico dans la Vallée des Orchidées, dans le Parc National du Cilento, Vallo di Diano et Alburni. Un arbre non seulement hérétique, mais aussi accueillant. L’objectif de Jean-Pierre Duriez est d’établir un dialogue, à Paris, avec le paysagiste Gilles Clément, auteur du Manifeste du Tiers Paysage, qui avec son expérience le long de la Seine tente depuis trente ans de donner valeur et espace à la transition écologique. Et ce n’est pas tout : Jean-Pierre Duriez compte bien ramener l’arbre hérétique et accueillant au Touquet-Paris-Plage, sur la Manche, où sa résistance estivale est proche de la ville natale d’Emmanuel Macron. Un petit mais grand geste qui, comme le souligne et l’espère Pasquale Persico, veut être un élan symbolique, pour le président français et pour l’Europe, vers l’accélération de la transition écologique, pour laquelle la technologie, la créativité et la nature peuvent s’avérer de valables alliés.
(article de Marina Geat, publié dans « Il Giornale Europeo.it »)